Première journée d’étude de SO PUR
« L’édition est un travail en collaboration » comme l’a rappelé Pierre-Henry Frangne, directeur des PUR, en ouverture de la première journée d’étude de SO PUR. Le 14 juin dernier a ainsi été l’occasion de réunir l’ensemble des partenaires du projet, les représentants des institutions avec lesquelles les PUR collaborent au quotidien, et un public intéressé par l’édition en science ouverte et ses enjeux.
Cet article donne à lire quelques idées fortes exprimées lors de cette rencontre.
Des enjeux juridiques
Il apparaît primordial qu’un contrat soit un espace de réaffirmation et de valorisation des engagements communs entre l’auteur et l’éditeur. Pour cela, et afin que les auteurs et autrices puissent s’approprier plus facilement les contrats, un travail de legal design, initialement prévu en fin de parcours du travail d’Inno3 avec les PUR, a été entamé en parallèle de la rédaction de la première version de contrats. L’objectif est d’informer au mieux les auteurs et les autrices, notamment sur les modalités de diffusion de leurs ouvrages et le choix des licences.
L’ouverture c’est aussi montrer les processus, le travail en cours.
Celya Grusson-Daniel, Inno3.
La collaboration éditeur-bibliothécaire
Les PUR ont souhaité réunir les services communs de documentation (SCD) des 11 universités partenaires. Les bibliothécaires sont au contact quotidien des lecteurs, étudiants et chercheurs ; leur aide est précieuse pour mieux comprendre les attentes de ces publics et accompagner la politique de science ouverte des PUR.
La collaboration mise en place au sein du réseau de SCD comporte deux volets. La première action lancée ensemble a pour but de faciliter et de systématiser l’archivage dans HAL des articles de revue, conformément à la loi pour une République numérique, en étendant le dispositif aux articles d’ouvrages collectifs. La seconde partie de notre travail commun consiste à impliquer les SCD dans la politique de science ouverte des PUR par le choix d’ouvrages à libérer et le financement commun de ces libérations.
Ce dispositif collaboratif permet aux SCD de renforcer leur activité en étant en contact direct avec les auteurs et de les sensibiliser à la science ouverte, tout en montrant par l’exemple une coopération avec un éditeur universitaire.
Les actions menées par le réseau PUR-SCD montrent que le rôle traditionnel des bibliothèques universitaires, la mise en valeur de collections, se complète par une logique plus institutionnelle de mise en valeur du travail des chercheurs de l’université. Cette collaboration permet d’entamer un processus d’ouverture, à tous les niveaux, et de faire évoluer les relations bibliothécaire-éditeur.
Pratiquer l’édito-diversité ensemble
L’édito-diversité, c’est la coexistence :
- de formes diverses de publications, et donc de filières d’édition,
- de formes diverses de diffusion et de lectures, et donc de partenariats,
- de formes diverses de financements, et donc de filières juridiques.
C’est aussi la pérennité économique des structures éditoriales garantissant ces formes solidaires de l’accès au livre, dont le libre accès est aujourd’hui une forme prioritaire.
Les PUR mènent ainsi une étude pour mesurer l’impact de la diffusion en freemium sur les ventes des ouvrages papier, en partenariat avec OpenEdition et la bibliothèque publique d’information (BPI). Cette étude quantitative, qui porte sur l’ensemble du catalogue des PUR ainsi qu’un ensemble plus restreint pour des études plus fines, est complétée par une dimension qualitative avec des entretiens menés avec des lecteurs des livres des PUR.
Christophe Evans, responsable du service Étude et recherche de la BPI, a présenté les premiers résultats de ces entretiens. L’appel à témoignage a permis d’attirer un profil très spécifique de chercheurs en sciences humaines et sociales, en particulier des historien·nes. Les personnes interrogées sont souvent intéressés et favorisent le livre papier ; ce sont majoritairement des trentenaires, post-doctorants et enseignants qui quittent les habitudes d’étudiants et prennent des habitudes de chercheurs. Ce sont des profils hybrides qui lisent aux formats papier et numérique, sans pour autant aller au bout des possibilités qu’offre le numérique : la lecture se fait majoritairement sur ordinateur dans un cadre professionnel. L’ensemble des résultats de l’étude seront diffusés en accès libre, sous licence Creative Commons, à la fin du projet SO PUR.
Quel rôle pour l’éditeur dans la science ouverte ?
Le projet SO PUR est « une approche raisonnée et raisonnable de l’accès vers le numérique et la science ouverte », selon les mots de Marc Bergère, référent science ouverte de l’université Rennes 2, qui fait des PUR un acteur majeur dans ce domaine. La dernière table ronde de la journée d’étude a donné la parole aux partenaires du projet qui, depuis des positions complémentaires, apportent leur expertise sur l’édition en science ouverte.
Pour la MSHB, le lien avec les PUR est important, il permet l’échange des bonnes pratiques, afin que le personnel des MSH bénéficient de l’expérience du personnel des PUR, et inversement.
Nicolas Thély, directeur de la maison des sciences de l’homme en Bretagne.
Un défi important pour OpenEdition est de maintenir une relation avec les éditeurs, avec la communauté de la recherche pour rester une infrastructure de proximité.
Sandra Guigonis, directrice adjointe éditoriale d’OpenEdition.
Un maître mot guide le travail mené par Métopes : l’économie, c’est-à-dire mutualiser les coûts et les compétences pour ne pas réinventer localement ce qui a déjà été fait collectivement.
Dominique Roux, directeur de Métopes.
L’objectif de l’alliance des éditeurs qui se constitue est de préserver la diversité des éditeurs, tout en leur permettant de se structurer, de les accompagner dans leur transition vers la science ouverte et de les valoriser.
Caroline Dandurand, autrice du rapport « Préfiguration d’une structuration collective des éditeurs scientifiques publics engagés dans la science ouverte » et directrice adjointe des éditions Quae.
En rejoignant Operas, les éditeurs français auront la possibilité de faire entendre les voix françaises au sein de cette communauté européenne.
Pierre Mounier, coordinateur d’Operas.
Les PUR ont la chance de travailler dans le domaine des sciences humaines et sociales, dans lequel il y a beaucoup de coopération. C’était l’objectif de cette journée d’étude que de faire un bilan d’étape du projet SO PUR avec l’ensemble de nos partenaires, pour renforcer ces liens de coopération.
Légende de la photographie d’illustration :
De gauche à droite : Sandra Guigonis, Marc Bergère, Pierre-Henry Frangne, Nicolas Thély, Pierre Mounier, Dominique Roux et Caroline Dandurand.
Crédit : Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne (MSHB)