Quel est l’impact du freemium sur la diffusion d’un livre ?
L’objectif de SO PUR est de diffuser à grande échelle des ouvrages en libre accès, principalement sur le modèle freemium : la version papier des ouvrages est vendue en librairie, leur version en ligne (format HTML) est accessible gratuitement, le téléchargement des formats epub et pdf est payant. La collection « Histoire », forte d’un fond de plus de 1 300 titres et enrichie chaque année de 30 à 40 nouveautés, est particulièrement concernée : à la fin de SO PUR, plus 80 % des titres seront diffusés en freemium. Or, ce modèle de diffusion risque d’affecter les ventes du livre papier en librairie.
SO PUR propose d’étudier l’impact du numérique, particulièrement en libre accès, sur la diffusion papier. Nous comparerons les chiffres de vente et de consultation d’ouvrages publiés sur différents supports (uniquement en papier, à la fois en papier et en numérique), selon différentes modalités (accès limité, accès ouvert freemium ou accès ouvert tout format) et selon différentes temporalités. Le tout sera étudié sur une période de cinq ans incluant plusieurs mois de nouveautés.
À ce jour, une étude de cette ampleur est une première en France. À la fin du projet, elle sera publiée en ligne, sous licence Creative Commons.
Le cadre de l’étude
Cette étude sera menée par trois organismes : les PUR et Open Edition Books d’une part, qui fourniront les données, et la Banque publique d’information (BPI) d’autre part, afin de garantir l’impartialité de la recherche et sa rigueur méthodologique. Nous nous sommes réunis le 10 juin pour une première journée de travail consacrée à la définition du périmètre de l’étude.
Les chiffres de vente et de consultation de la quasi totalité du catalogue des PUR seront analysés pour établir des tendances générales. Est-ce que la publication numérique en freemium favorise la diffusion des ouvrages ? Les différents formats du livre sont-ils complémentaires ? La diffusion numérique prend-elle le pas sur la commercialisation des livres imprimés ? Peut-on distinguer des tendances selon des types de livres (ouvrages collectifs, monographies, ouvrages du fonds, nouveautés) ?
Une telle analyse qui concerne de vastes ensembles de données permettra d’avoir une vue générale de l’impact du freemium, mais cela risque d’écraser certains phénomènes plus spécifiques. Elle sera donc complétée par des études de cas particuliers. Ce panier comportera des titres de collections partiellement numérisées (par exemple Interférences), des nouveautés en accès ouvert tous formats (par exemple Partis politiques et contestation au Maroc), les trois premiers livres des PUR mis en ligne en septembre 2010 (L’Évaluation des compétences scolaires, Louis Guilloux, devenir romancier et Paysans des Alpes ), les titres placés en accès ouvert grâce à l’opération OpenEdition Books Select (Le Cinéma ou le dernier des arts, Le Théâtre de Dumas père) ou des nouveautés, comme Les juifs italiens de Tunisie pendant le fascisme. Ce panier respectera les équilibres globaux entre ouvrages collectifs et monographies.
Dans la mesure du possible, nous souhaitons également étudier l’impact de la diffusion freemium sur les « altmétriques » (altmetrics), c’est-à-dire les citations dans d’autres ouvrages, sur Wikipédia, sur les réseaux sociaux, etc. Ce sont autant d’éléments qui, bien qu’ils n’entrent pas dans le cadre strict de la diffusion d’un ouvrage, participent à la dissémination des travaux des chercheurs dans la société.
Le modèle économique de l’édito-diversité
Cette étude s’inscrit dans l’objectif des Presses universitaires de Rennes d’assoir leur rôle d’éditeur public, alors que le contexte économique de la diffusion du livre en SHS n’est plus celui des années 1970, que ce soit par la science ouverte, la situation tendue en librairie ou la concurrence des « Gafam » universitaires. Les formes et les filières d’édition deviennent diverses et les PUR entendent proposer à leurs auteurs et à leurs partenaires scientifiques plusieurs solutions éditoriales et modes de diffusions des ouvrages. C’est cela l’édito-diversité, qui doit se financer par une multiplicité de modèles économiques, entre Plan S, freemium et librairies de ville.