Adhésion des PUR à Operas
Le 31 janvier 2023, nous avons rencontré Pierre Mounier, coordinateur d’Operas, pour envisager l’adhésion des Presses universitaires de Rennes à cette infrastructure de recherche européenne. Consacrée aux sciences humaines et sociales, Operas a pour mission de soutenir et promouvoir la diffusion des travaux scientifiques selon les principes de la science ouverte. En étudiant les réponses apportées aux enjeux de la science ouverte par une diversité d’acteurs sur des sujets tels que les modèles économiques du libre accès, les politiques de contractualisation ou encore les réalités des plateformes et des outils techniques de diffusion des ouvrages, Operas vise à améliorer et harmoniser les pratiques à l’échelle européenne. Cela passe à la fois par une coordination des acteurs et des recommandations auprès des décideurs nationaux, ainsi que par l’implication des membres dans différents groupes de travail (Special Interest Groups – SIG) pour des échanges internationaux.
En France, le CNRS est Core Member, c’est-à-dire qu’il est représentant national auprès d’Operas, mais aucun éditeur ne fait pour l’instant partie de cette infrastructure de recherche. À travers le projet SO PUR, les PUR s’engagent dans la perspective de la science ouverte, à l’échelle nationale et internationale. L’adhésion des PUR sera donc un acte et un symbole forts de notre engagement.
Échanger pour mieux se comprendre
Des points de convergence entre les PUR et Operas
Cette rencontre avec Pierre Mounier a mis en lumière les points d’intérêts communs des PUR et d’Operas, ainsi qu’une approche comparable des principaux enjeux majeurs de l’édition universitaire en science ouverte.
Cette infrastructure de recherche est constituée de huit groupes de travail (SIG) qui sont impliqués dans les différents projets lancés par Operas. En constituant le projet SO PUR, plusieurs SIG nous avaient paru correspondre à l’activité des PUR et à la politique de science ouverte que nous souhaitions mettre en place. Après la présentation que Pierre Mounier nous a faite, le groupe consacré aux modèles économiques de la publication en libre accès nous semble particulièrement intéressant puisqu’il entre en résonance avec l’étude des ventes que nous menons actuellement pour mesurer l’impact de la diffusion en mode freemium sur la vente des ouvrages (voir l’article consacré à ce sujet). Le SIG, coordonné par Graham Stone et Frank Manista du Jisc à la tête d’une infrastructure de recherche britannique, a récemment publié une première analyse des modèles de financement mis en place chez plus de 70 éditeurs dans 14 pays européens, en se concentrant plus spécialement sur les modèles collaboratifs. Rejoindre ce SIG nous permettrait de bénéficier d’un partage d’expérience riche et multiculturel ; il nous permettrait d’apporter notre pierre à l’édifice grâce aux actions menées dans le cadre de SO PUR : aussi bien les avancées de notre étude des ventes que les travaux en cours pour nous mettre en conformité avec les principes du Plan S.
Des services à déployer
Adhérer à Operas donne également accès à différents services, en particulier Metrics et PRISM (Peer Review Information Service for Monographs). Metrics permet de collecter des « métriques » d’usages des ouvrages qui donnent des indications sur l’impact des travaux des chercheurs dans la société : citations sur Wikipédia, sur des réseaux sociaux, dans les médias, etc. On les appelle altmetrics. Elles complètent les données quantitatives de bibliographie des chercheurs. Le service Metrics réunit différents types de données sans toutefois les fondre en un tout qui effacerait les divers usages faits d’un ouvrage. Au contraire, les données sont affichées ensemble, mais distinctes les unes des autres, offrant ainsi une analyse plus complète et plus fiable de la diffusion d’un ouvrage. Pour un éditeur comme les Presses universitaires de Rennes, cela représente un service supplémentaire fourni à nos auteurs qui, à l’heure actuelle, n’ont accès à ces altmetrics que sur des plateformes commerciales privées telles qu’Academia.
Le service PRISM se donne pour objectif d’améliorer la transparence quant aux procédures de relecture des ouvrages scientifiques diffusés en libre accès. À l’heure actuelle, l’ensemble de la procédure de publication aux PUR, et en particulier le principe de l’expertise des manuscrits par les pairs, est affichée sur notre site web à cette adresse : https://pur-editions.fr/page/129/publier-aux-pur. Le service PRISM nous permettrait de rendre cette information publique dans le DOAB (Directory of Open Access Books) afin de délivrer aux lecteurs une information claire et simplifiée. Il permet de déclarer plusieurs types de procédure de relecture, titre par titre ou selon les collections. Ce service fonctionne pour l’instant sur une base déclarative, mais il prévoit aussi une procédure de vérification aléatoire des informations données par les éditeurs. PRISM est en effet en cours de développement pour délivrer une certification, ce qui représente toutefois une charge de travail supplémentaire pour l’éditeur s’il faut régulièrement justifier de nos déclarations.
La participation à des projets
Parmi les projets lancés par Operas, deux sont en particulier liés au livre scientifique, et non plus seulement aux revues académiques, et sont consacrés au modèle diamant (c’est-à-dire la publication en libre accès, sans Book Processing Charges ni coût pour le lecteur). Démarré en janvier 2023, le projet Palomera prépare un état des lieux des politiques de soutien à la publication de livres scientifiques en libre accès dans les pays européens, afin d’identifier les points de blocage et les solutions trouvées pour y remédier. Les PUR travaillent actuellement à afficher publiquement les coûts d’édition complets des ouvrages, conformément aux recommandations du Plan S (voir l’article « Ouverture d’une filière “Plan S” aux PUR »). L’expérience que nous avons acquise sur ce sujet, et que nous continuons à développer, fait des PUR un partenaire intéressant pour le projet Palomera. En devenant parties prenantes, les PUR pourront partager leur expérience à l’international et enrichir leur propre réflexion afin de répondre le mieux possible aux attentes de nos financeurs, membres de la coalition S autant que partenaires universitaires historiques des PUR.
Faire vivre l’édito-diversité
En 2022, Operas réunissait 54 organisations implantées dans 18 pays européens. Parmi elles, on compte majoritairement des institutions mais peu d’éditeurs. En y adhérant à Operas, les PUR seraient ainsi le premier éditeur français à devenir membre ordinaire (Ordinary Member). Au sein des groupes, des projets et de l’évolution des outils, les PUR pourront échanger avec des acteurs différents et enrichir leurs pratiques au contact des cultures académiques et éditoriales européennes.
Cette adhésion sera également l’occasion de partager notre expérience et de faire entendre nos préoccupations sur les sujets en discussions, notamment la mise en pratique des exigences voire des injonctions politiques. Les enjeux de la science ouverte sont essentiels pour l’avenir de nos sociétés démocratiques ; ils méritent des réponses pragmatiques, adaptées aux diffusions et aux tailles des acteurs. Selon nous, ces réponses doivent obéir et même encourager ce que les PUR appellent « l’édito-diversité », c’est-à-dire la coexistence de différentes structures éditoriales avec leurs missions ou leur histoire propres, leurs façons d’éditer et de penser le devenir de chaque livre publié en science ouverte
Adhérer à une infrastructure telle qu’Operas est pour les PUR une étape importante dans leur affirmation au plan national et international. Les PUR souhaitent ainsi pérenniser et augmenter leur engagement en faveur de la science ouverte en réaffirmant la place centrale que doit avoir l’éditeur au sein de celle-ci.